Intervention de S.E.M. Alexey MESHKOV à Assemblée Générale de l’Alliance Franco-Russe, 6 décembre 2018
Je voudrais saluer vivement les organisateurs et les invites de l’Assemblée générale de l’Alliance franco-russe. La réunion d’aujourd’hui est une rencontre annuelle, mais il s’agit aussi du premier anniversaire de votre association. Il y a un an, en décembre 2017, c’est ici même, au centre culturel et spirituel orthodoxe russe que s’est tenue son assemblée générale constituante. A mon avis, nous avons toutes les raisons de présenter nos vœux à la direction de l’Alliance, tous ses membres et tous nos convives à l’occasion de cette étape.
Oui, le temps passe vite. Un an c’est peu et beaucoup en même temps compte tenu du nombre conséquent de manifestations notables en faveur d’un plus grand renforcement des contacts et de la coopération entre la Russie et la France que l’Alliance franco-russe a inscrites à son actif au cours des mois écoulés. Il ne fait aucun doute que ces manifestations doivent une majeure partie de leur succès à la riche et précieuse expérience des administrateurs de l’Association, dont Alexandre Troubetzkoï.
En dépit du très jeune âge de l’Alliance, en un an d’existence elle s’est taille une réputation d’une structure énergique ayant pour objectif le raffermissement des liens séculaires qui unissent nos pays et nos peuples, de la coopération bilatérale dans les domaines humanitaire, culturels, économique et commercial. Votre association s’est affirmée en tant que centre d’attraction de tous ceux qui appliquent leurs efforts à atteindre ces objectifs, tous ceux qui ne sont pas indifférents à l’avenir des relations franco-russes.
Les premiers succès de l’Alliance la stimule à continuer son travail actif. Les résultats positifs que nous évoquons ne sont pas un but en soi, mais un signe de votre avancement dans la bonne direction. On ne peut que saluer l’attitude de la direction de l’Alliance qui se refusant à se reposer sur les lauriers s’assigne des objectifs de long terme en partant des acquis, le principal consistant à mobiliser le maximum des forces de la société civile constructives qui sont impliquées dans le perfectionnement et le renforcement des relations entre nos pays dans tous les domaines.
Vous savez tous que les relations franco-russes traversent en ce moment un moment complique. Il y a des divergences de principe bien connues qui continuent à subsister entre la Russie et la France. La Russie est toujours l’objet des sanctions illégales et inutiles que la France a rejointes. Nous tous sommes témoins de poussées de rhétorique antirusse.
Cependant notre histoire commune est la preuve que les bons rapports entre la Russie et la France ont une signification particulière pour la compréhension mutuelle, la paix et le calme en Europe, choses d'autant plus importantes dans le contexte international actuel compliqué.
Nous avons néanmoins des raisons d'être optimistes. Après quelques années très difficiles nos relations entament une nouvelle étape qui fait naître l'espoir. Elles se stabilisent progressivement, s'assainissent. Nous ne plaçons pas nos espérances trop haut. Mais l'important est qu'aussi bien Moscou que Paris font aujourd'hui preuve d'une volonté politique de surmonter les difficultés et de suivre la voie de la normalisation des liens bilatéraux. Cela produit des résultats pratiques.
L'année qui s'achève a été sans précédent en termes de l'intensité du dialogue politique et des contacts de haut niveau au nombre de cinq: les présidents russe et français se sont rencontrés à Saint-Pétersbourg, à Moscou, a Istanbul, à Paris et à Buenos-Aires. Le 11 novembre dernier Le président Vladimir Poutine a participé à l'invitation personnelle du président Emmanuel Macron a la cérémonie solennelle à l'arc de triomphe à Paris commémorant le centenaire de la fin de la première guerre mondiale, ainsi qu'à l'inauguration du forum international de la paix de Paris.
On se réjouit des tendances positives prévalant dans l'économie. Ça fait plusieurs années consécutives que nos liens économiques bilatéraux connaissent un essor - le volume de nos échanges a augmenté de 20% depuis le début de l'année. Aucune grande entreprise française n'a quitté le marché russe en dépit des sanctions de l'UE que j'avais déjà évoquées et des menaces constantes des Etats-Unies d'introduire de nouvelles restrictions extraterritoriales. Les entreprises françaises à une intention ferme de continuer à travailler en Russie.
Nos deux pays savent coopérer de manière productive sur l'arène internationale, y compris sur le dossier syrien extrêmement compliqué, ce qui a été illustré à l'occasion de l'opération humanitaire conjointe en Syrie et du sommet stambouliote d'octobre.
Moscou a accueilli avec intérêt les appels du président Emmanuel Macron a reconsidérer l'architecture de la sécurité europeenne à travers un dialogue avec la Russie. Nous ne pouvons que saluer le réalisme et la clairvoyance de cette attitude, d'autant plus que ça fait des années que la Russie propose de bâtir ensemble un nouveau système de sécurité non-confrontationnel en Europe basé sur les principes d'égalité et d'indivisibilité de la sécurité.
Plus largement, la Russie propose à ses partenaires occidentaux de renoncer à la politique dangereuse et sans issue de dissuasion et de la lutte pour des sphères d'influence et de travailler ensemble à la formation d'un nouvel ordre mondial plus juste et plus démocratique dans lequel l'ONU et le droit international joueraient le rôle central. Un ordre mondial sans doubles standards et sans double morale, basé sur un vrai multilatéralisme et dans le respect des intérêts de chacun.
C'est la raison pour laquelle nous ne pouvons que saluer la ligne du président Emmanuel Macron consistant à promouvoir le dialogue avec la Russie. De notre côté nous sommes prêts à travailler avec la France sur tous les axes que j'ai mentionnés. Je suis convaincu que c'est à la Russie et à la France que revient le rôle de locomotives de la réforme de la sécurité européenne, d'une nouvelle détente et de la normalisation des relations entre la Russie et l'Occident, tout comme au temps de la guerre froide.
On ne peut que se réjouir de l'activisme de nos sociétés civiles dans le renforcement et la promotion des liens bilatéraux. Le développement du dialogue entre nos sociétés civiles est notre ressource stratégique commune qui, en contribuant au ferme renforcement de l'intérêt mutuel pour la culture, l'histoire et l'économie nationales est condamné à aboutir à la liquidation du superficiel et du temporaire dans les relations franco-russes.
Outre l'Alliance Franco-russe il y a un certain nombre d'associations qui poursuivent avec succès ces objectifs, y compris le forum Dialogue de Trianon. La récente réunion de son conseil de coordination à Versailles au cours de laquelle les ministres des affaires étrangères russe et français ont pris la parole à encore une fois confirmé le sérieux et l'ambition des projets du forum.
Il ne fait aucun doute que la coagulation nécessaire des efforts de toutes ces structures, aussi bien celles qui ont déjà démontré leur efficacité que de petites nouvelles, profite à notre cause commune, favorise le renforcement de l'amitié et de la coopération entre nos deux pays et peuples. Autrement dit, il y en aura pour tout le monde.
Je voudrais présenter à l'alliance Franco-russe mes vœux de succès pour son activité future, de réalisation de nouveaux projets grands et ambitieux. Je sais que vous en avez beaucoup. Je tiens à assurer la direction de l'alliance, ses membres, tous ceux qui sont présents dans cette salle que l'Ambassade apportera toujours son possible concours et soutien à tous vos projets.
Je suis persuadé que cette réunion de l'assemblée générale donnera une impulsion supplémentaire au développement des liens franco-russes qui puisent leur origine dans les anciennes et traditionnelles relations franco-russes dans les domaines culturel, économique et social.