Département de l'information du Ministère des affaires étrangères de Russie: Commentaire concernant les incohérences dans l'«affaire Navalny»
Dès le début de "l'affaire Navalny" la position de la Fédération de Russie a été parfaitement transparente. Suite à la demande de sa famille on a donné sans délai l'accord pour son transfert pour les soins en Allemagne, qui a été réalisé sans entraves dès que les médecins de l'hôpital d’Omsk ont réussi à stabiliser l'état du patient. Outre cela nos médecins ont transmis à leurs collègues allemands tous les bilans relatifs à l'état de santé de M. Navalny et étaient prêt à poursuivre le travail commun dans l'intérêt de son rétablissement prompte.
Malheureusement nous avons eu pour seule réponse le refus catégorique du Gouvernement allemand de toute coopération en vue d'établir la vérité quant à la situation avec M. Navalny. En fait dès le premier jour de cette histoire Berlin a opté pour "la diplomatie du mégaphone", ayant déclenché une vaste campagne d'accusations à l'encontre des autorités russes, qui auraient prétendument empoisonné le citoyen russe. Leurs alliés euro-atlantiques ainsi que les QG de l'OTAN et de l'Union Européenne s'y sont activement joints exigeant qu'une certaine "enquête internationale indépendant" soit organisée sous l'égide de l'OIAC.
Et, chose bizarre - contrairement aux toxicologues russes les médecins de l'hôpital berlinois de la Charité ont tout de suite trouvé dans les analyses prélevés sur le blogueur russe des traces des inhibiteurs de la cholinestérase pour annoncer que celui-ci avait été empoisonné. Cela fait les chimistes militaires allemands de l'Institut de pharmacologie et toxicologie de Bundeswehr à Munich se sont rapidement jointes à l'affaire, pour parvenir à une conclusion qui était tout à fait prévisible sur le fond de l'hystérie anti-russe qui ne cesse pas à l'Occident, - celle sur "l'empoisonnement" de M. A.Navalny par un agent toxique appartenant à la famille "Novitchok".
L'action de l'Allemagne a été tellement bien coordonnée qu'il a fini par engendrer toute une série de questions: à savoir si on a pas l'affaire à une nouvelle mise en scène d'un prétendu recours aux armes chimiques, cette fois pas en Syrie ni en Grande-Bretagne mais chez nous en Russie? Il y a plusieurs éléments qui poussent à cette réflexion et notamment l'engagement d'accueillir le blogueur sans délai pour le soigner en Allemagne, exprimé tout de suite et au plus haut niveau; la présence lors de son transfert à Berlin des représentants de Bundeswehr et l'utilisation d'automobiles spécialisés appartenant à l'armée; l'implication des plus hautes autorités militaires et politiques, dont "le patient" a été proclamé "hôte personnel". Tous ces éléments organisationnelles ont l'air d'être parties intégrantes d'un seul plan visant à politiser cet incident avec un objectif clair – accuser la Russie de violation de la Convention sur l'Interdiction des Armes Chimiques (CIAC).
En dépit de ses obligations au titre de la Convention européenne d’entraide judiciaire en matière pénale du 1959 et deux Protocoles additionnels à celle-ci le Gouvernement allemand entrave activement l’enquête préliminaire ouverte en Russie suite à сet incident avec M. A.Navalny en empêchant ainsi d’établir la vérité dans le cadre de la législation russe. En témoignent son refus catégorique de coopérer avec la partie russe notamment au niveau des autorités judiciaires et des établissements médicaux, son absence de réaction aux demandes légitimes du Parquet général de la Fédération de Russie, ainsi que ses appels aux "capacités d’expertise" de l’Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC). Ces derniers sont tout à fait compréhensible car cette institution internationale spécialisée qui avait jadis bien de succès et de notoriété et s’est vue attribuer et 2013 le prix Nobel de la paix pour le désarmement chimique de la Syrie, elle est devenue aujourd'hui, par l'ironie du sort et par les efforts d'alliés euroatlantiques, rien qu'un outil de leurs ambitions géopolitiques au Proche Orient et ailleurs.
Le fait que la partie allemande ait caché l’information sur la bouteille qui porterait prétend-on des traces d'agents hautement toxiques, qui aurait été récupérée par l’entourage de M.A.Navalny de sa chambre d’hôtel à Tomsk en violation de toute procédure d'enquête pénale, et qui ait été transférée ensuite d'une façon absolument illégal en Allemagne révèle des dessous politiques de toute cette histoire. Il est tout à fait évident que du point de vue juridique la valeur de telles "pièces à conviction" est plus que douteuse. Il en est de même pour cet amateurisme flagrant au niveau de la "chimie" et de la toxicologie avec lequel tout cela a été présenté sur les images vidéo – tous les partisans de M.A.Navalny, les représentants de la Bundeswehr et les médecins allemands y figurent sans aucun équipement de protection nécessaire pourtant dans de tels cas. Des questions se posent également quant à l’état de santé qui paraît être tout à fait normal de tous ces gens qui entouraient M.A.Navalny "empoisonné" à l’hôtel, à l’aéroport et à bord de l’avion et qui, suivant la logique, auraient dû souffrir eux aussi du poison. Or cela ne leur est pas arrivé apparemment par une miraculeuse coïncidence. Bref, des choses extraordinaires à la limite de la fiction se produisaient partout ce qui mérite qu'on y prête une attention particulière.
Le fait que Berlin ignore ouvertement les requêtes du Parquet Général de la Fédération de Russie concernant l’octroi d’aide judiciaire constitue une violation directe du point 2 de l’art. VII de la CIAC, qui oblige tous les pays participants à prêter tel concours. Outre cela les appelle à coopérer avec l'enquête menée sous les auspices de l'OIAC, que les dirigeants de l’Allemagne et de leurs alliées de l’OTAN, adressent à la Russie depuis début septembre ne sont rien de plus qu’une atteinte aux principes fondamentaux de la CIAC et une tentative d’utiliser cette instance internationale pour s'immiscer dans les affaires intérieures d'un de ses Etats parties dont les événements à Tomsk et à Omsk relève de la juridiction.
D’autre part si les laboratoires allemands, français et suédois ont pu détecter et identifier les agents hautement toxiques connus à l'Occident le nom de «Novichok» c’est que de tels substances sont bien connues dans un certain nombre de pays de l'OTAN et de l'UE, qui les ont étudiées et produits, ce qui impose l'utilisation de l'équipement hautement technologique. Certains de ces États et notamment les États-Unis ont même délivré des brevets pour leur utilisation à des fins militaires, ce qui est éloquent en soi, y compris dans le contexte de l'histoire avec M.A. Navalny.
Encore une preuve de la grandes attention portée à cette classe d'agents toxiques est l'article scientifique publié début 2020 par les experts d'un laboratoire de chimie militaire américaine (Aberdeen, état Maryland) sur leurs études des propriétés des «Novichok». Les chercheurs stipulent d'avoir synthétisé indépendamment trois agents toxiques de ce type (à savoir A230, A232 et A234). En tout cas, ce fait brise tout argument possible comme quoi les technologies de ce type devrait s'associé exclusivement à l'URSS et à la Russie.
Le rôle que joue dans cette situation le Secrétariat technique de l'OIAC est très discutable. Une attention particulière est attirée au fait qu'à partir du moment où son directeur général M. F.Arias a reçu le 3 septembre a.c., les informations de la partie allemande sur le supposé "empoisonnement" de M. A.Navalny le Secrétariat technique a pris des "mesures préalables" dans l'attente de la requête allemande et restait en contact permanent avec Berlin. Ce fait met en évidence la partialité et l’engagement du Secrétariat technique, qui a caché dans ses contacts avec la Mission Permanente de la Russie auprès de l'OIAC le fait même de sa coopération active avec Berlin.
En fin de compte il s’est avéré que les 5 et 6 septembre a.c. les experts de l’OIAC ont prélevé de façon "indépendante" des échantillons biomédicaux de M. A.Navalny tandis que la demande officielle d’assistance technique conformément au p.38 e) de l’article VIII de la CIAC n’a été adressée par Berlin que le 12 ou 13 septembre a.c. Ainsi, le Secrétariat technique a commencé à prêter son "assistance" dans le cadre de cette affaire politisée sans sans y être dûment mandaté. De plus la déclaration du Gouvernement allemand en date du 14 septembre a.c. présentait la transmission des échantillons à l’OIAC comme un fait accompli tandis que le Secrétariat technique lui-même ne nous a confirmé pour la première fois son implication dans ce processus que le 17 septembre a.c.
Le communiqué de presse publié sur le site de l’OIAC le 17 septembre a.c. et relative aux recours de la RFA à l’assistance technique révèle des signes d’abus par le Secrétariat technique de ses pouvoirs et de violation des dispositions de la CIAC. Ainsi l'article VII de la Convention ne prévoit aucun rôle du Secrétariat dans les procédures d’enquêtes préliminaires et d’instruction menées par les membres dans le cadre de leur législation, en l’occurrence – sur les faits d’éventuel usage d’armes chimiques par des personnes physiques ou morales. Dès lors, portant à la partie allemande l’assistance technique conformément au p. 38 e) de l’article VIII de la Convention dans le cadre de "l'empoisonnement présumé de M. A.Navalny" le Secrétariat technique a dépassé son mandat. Berlin n’avait pas besoin d’assistance de l’OIAC pour faire analyser les échantillons prélevés dans des laboratoires certifiées par l’Organisation ce qu’il a bien démontré s’étant adressé à titre bilatéral à la France et à la Suède sans aucune "intermédiation" de l’OIAC.
Par ailleurs, le Secrétariat technique de l’OIAC n’avait pas le droit de divulguer les informations sur l’assistance technique sans consentement approprié de la Fédération de Russie, car conformément aux dispositions de l’annexe sur la confidentialité à la CIAC (p. 2 c) II) toute information reçue par l’OIAC relative à l'application de la Convention ne peut être rendu public que sur l’accord direct de l’Etat partie concerné par cette information. Au Secrétariat technique on savait que la situation sur M. A.Navalny concernait directement la Russie, pourtant ses dirigeants, embourbés dans les intrigues politiques, ont préféré une fois de plus feindre ignorer leurs devoirs et ont longtemps "joué la comédie" pour cacher leur implication à l'instigation de Berlin dans l’histoire du blogueur russe.